Zürich et Vaud accueillent 46% des start-up suisses !

Repris ce jour dans la Tribune de Genève sous la plume d’Olivier Wurlod, la synthèse du premier panorama des start-up en Suisse apporte de très précieuses données jusque-là méconnues.

En regroupant les diverses données disponibles (SECO, Crunchbase, Swiss Venture Capital Report, etc.) et grâce à l’apport scientifique de la HEC de l’Université de Lausanne, la fondation Startupticker.ch est en effet parvenue à donner un visage à ce qu’elle a baptisé la «Deep Tech Nation Switzerland». Un visage aux traits bien spécifiques. Plusieurs éléments méconnus ressortent en effet de l’étude, à l’exemple du profil atypique des start-up suisses. Prenons l’informatique et internet.

À l’origine des start-up les plus en vue du moment, telles qu’Airbnb, Uber ou Didi Chuxing (en Chine), ces deux secteurs sont peu exploités en Suisse. Seule exception: les fintechs. La notoriété de l’industrie financière helvétique, couplée à l’essor de la blockchain et des cryptomonnaies, offre à la Suisse une position
dominante dans ce secteur. Pour le reste, c’est dans des secteurs déjà clés de l’économie helvétique que les start-up s’illustrent le plus. Industrie des machines, sciences de la vie ou encore énergies renouvelables sont quelques exemples à l’origine du plus grand nombre de nouvelles entreprises.

Cette orientation particulière comprend toutefois son lot de bémols. Le premier résulte du temps nécessaire à une jeune entreprise suisse pour se développer. Alors que les licornes de la Silicon Valley cherchent à croître le plus rapidement possible, le rythme de développement de celles basées en Suisse est très lent, notamment en termes de création de postes de travail. En comparaison, par exemple, avec le codage d’une simple application pour smartphone, il est en effet
beaucoup plus complexe de développer de nouvelles technologies industrielles. L’aversion très helvétique pour le risque reste également un problème.
Une prudence qui ne réduit pourtant pas la probabilité de vivre cette période critique baptisée «traversée du désert». D’après les données disponibles, ce moment où la société finit par faire faillite – faute de fonds ou de clientèle suffisante – survient le plus souvent lors de sa sixième année.

Plus surprenant cette fois, les start-up suisses sont très peu enclines à procéder à un «exit», ce terme populaire au sein de la branche évoquant la revente de l’entreprise ou son entrée en Bourse. Elles sont en effet seulement 6% à avoir suivi cette voie ces dernières années, les autres s’étant simplement transformées
en PME indépendantes. Selon Michael Rockinger, professeur de finance à la HEC de l’Université de Lausanne, ce faible taux d’«exit» serait contre-productif. «Il
faudrait arriver à un meilleur équilibre avec un plus grand nombre d’entrées en Bourse ou de rachats par un concurrent. Cette situation illustre le manque de volonté et de dynamisme de certaines start-up suisses pour partir à la conquête du monde», explique-t-il.

Selon l’étude, les «exit» seraient d’autant plus importants qu’ils contribueraient au renforcement du biotope existant. «Les entrepreneurs qui ont vendu avec succès leur start-up utilisent les bénéfices réalisés pour créer d’autres entreprises. Ils mettent sur pied des réseaux et investissent leurs ressources
financières dans de nouveaux projets.» Les experts estiment toutefois que l’écosystème suisse reste très jeune et que des transformations plus classiques pourraient survenir ces prochaines années.

Pour autant toutefois que l’on cible les personnes aptes à entreprendre. Sur ce point, Rico Baldegger, directeur de la Haute École de gestion de Fribourg, mentionne un élément intéressant. Selon lui, les Mark Zuckerberg, Elon Musk, Steve Jobs et autres entrepreneurs emblématiques connus pour s’être lancés
très jeunes restent l’exception. D’après le Global Entrepreneurship Monitor Switzerland, seuls 15,8% des 18-24 ans interrogés voient des opportunités entrepreneuriales dans leur environnement, alors que cela monte à 49,9% pour les 35-54 ans. Rico Baldegger en déduit que les programmes de financement
actuels visent le mauvais groupe d’âge, et il appelle à une refonte du système de formation.

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